Je suis assis. J’ouvre mes yeux et les referme aussitôt. Une lumière venant de je ne sais où m’aveugle. À la place, je me retourne et j’essaye de me lever. Cela fait, en ouvrant mes yeux de nouveau, je remarque que je me situe dehors, dans une sorte de vieux patio. En observant les alentours, je réalise que je suis, pour la première fois, à l’extérieur de la mystérieuse maison aux murs jaunes de mes rêves. De l’extérieur, la maison a l’air de sortir d’un film de « cow-boy ». Les murs, sûrement faits en bois, sont aussi mal entretenus que les fenêtres sont cassées. Et pourtant, de l’intérieur, le bâtiment n’avait pas l’air si mal. Dehors, je peux voir d’autres maisons de ce genre. Il n’y a pas de routes pavées, seulement un sentier large comme un trottoir. Je ne vois personne aux alentours, alors je me presse d’entrer dans la maison pour observer les tableaux à nouveau.
Alors j’avance d’un pas sûr et, avant même d’atteindre la porte, j’entends un bruit ; celui d’une vitre qui se casse. Je me retourne là où le bruit provient. Un jeune adolescent s’enfuit d’une sorte de café de l’ancien temps. Je ne peux pas bien le voir, seulement sa silhouette. Je m’attends à voir un policier le poursuivre, alors je regarde la fenêtre maintenant brisée en mille morceaux. Les secondes passent, mais personne ne semble sortir du bâtiment. Je comprends qu’il n’y a personne d’autre ici que ce mystérieux adolescent et moi-même. Justement, le jeune s’arrête un peu plus loin pour reprendre son souffle. Je n’ai pas l’impression qu’il m’a remarqué, mais je ne suis pas tenté non plus d’attirer son attention. C’est pour ça que je rentre rapidement dans la maison. En refermant la grande porte d’entrée, je suis soulagé de voir que rien n’a changé à l’intérieur. En fait, je réalise que tout ce que je fais ici, c’est de me réveiller, de vérifier les tableaux, d’être choqué, de m’évanouir et de me réveiller à nouveau dans la réalité. Alors, je voudrais pour une fois profiter de cet endroit réservé et vide pour être avec moi-même.
Mère
Ce qui s’est passé hier a sûrement traumatisé mon garçon. J’espère qu’il s’en remettra. Avec tout ce qu’il vit, je me rappelle sans cesse que je ne suis pas assez dur avec lui, mais en réalité, je ne veux pas l’être. De mon côté, j’ai vécu dans le passé avec des parents très contrôlants et « traditionnelle ». Malheureusement, je crains d’être comme eux avec Henrique. Mais depuis l’incident d’hier, il est tombé dans une sorte de coma habituel dont je ne me soucie plus vraiment. Alors, je suis en train d’attendre patiemment son réveil pour tout lui expliquer. Justement, je ne sais pas quoi lui dire… Je ne peux pas tout lui dire, quand même ! Je crains qu’il se mette du mauvais côté. J’ai peur qu’il devienne comme… Eh bien, je n’irais pas plus loin avec lui.
Rêve
J’ai fait une petite sieste dans la seule chambre à coucher de cette maison. Maintenant, je suis plein d’énergie et j’ai…faim ! Je descends au rez-de-chaussée et entre dans la cuisine. Elle est gigantesque ! Il y a une longue table à manger juste à côté du gigantesque fourneau. Je trouve une sorte de placard en bois et, lorsque je l’ai ouvert, j’y trouve des boîtes de craquelins poussiéreuses. J’hésite à les manger, puis j’abandonne. Je me dirige enfin vers la salle aux tableaux et je découvre qu’un tableau s’est coloré. Il n’y a pas grand-chose de clair, c’est très abstrait comme image.
J’ai comme l’impression que ça me prévient d’un désastre, puisque les couleurs du tableau forment des spirales épaisses et ces dernières sont de couleur rouge et noir. Je veux m’en approcher pour bien l’observer, mais lorsque je me trouve assez près, mon pied s’accroche à quelque chose par terre et je tombe. J’essaye de me tenir à un objet et j’entraîne le tableau ma chute. Cela paraîtra irréel, mais puisque rien ici n’est normal, je suppose que ça se fait. En m’accrochant au tableau, ce dernier brise une partie du faible mur auquel il était apparemment collé et entraîne deux autres tableaux. C’est la pagaille et des bruits d’objets qui se fracassent retentissent pendant au moins une bonne trentaine de secondes. Je ne me suis heureusement pas blessé, mais je contemple le désordre et la catastrophe que j’ai produits. Mais qu’est-ce que j’ai fait ? En plus d’avoir brisé un mur de la maison, j’ai aussi brisé quelques tableaux. Et je suis sûr que ça n’assure rien de bon. Je tente de remettre les tableaux en place, mais ils sont trop endommagés. Je suis tellement désespéré que je ne remarque pas qu’un jeune garçon se tient derrière moi. Je ne le remarque, en fait, pas du tout, jusqu’à qu’il me fracasse le crâne avec un vase (je suppose).
Mère
Il s’est réveillé ! C’est bon, qu’est-ce que je vais dire ? Je- je vais le voir, tout de suite ! Il ne faut pas perdre de temps.