À son retour, Lauren avait un roman à délivrer à Jake. Malheureusement, l’environnement de l’école était propice aux enlèvements. Des ruelles sinistres, des bâtiments abandonnés en pleine décomposition depuis au moins une vingtaine d’années et des gens habillés avec les premiers vêtements trouvés: ni repassés ni très propres. Ces descriptions avaient donné des frissons à Jake. Il était perfectionniste dans l’âme et ne pouvait sortir de chez lui sans avoir la certitude qu’aucun de ses cheveux ne dépassait ou que ses vêtements n’avaient aucun pli ni poil sur eux.


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Septembre

Une robe jaune et courte pour Lauren et l’éternel costume trois-pièces pour Jake. C’était la rentrée, leur année d’enseignement allait officiellement commencer.

– Stressé? demanda Lauren un brin taquin.

– Tu ne peux pas savoir à quel point, répondit Jake, les mains tremblantes. On se retrouve à midi pour dîner ensemble?

–Oui, bien sûr!


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Le directeur était devant les élèves. Aux côtés de celui-ci, Jake et Lauren se tenaient bien droits en compagnie des autres professeurs.


– Chers élèves, mentionna le directeur à ses élèves. Nous avons parmi nous deux nouveaux professeurs. Les professeurs Davies et Morton. Ils enseigneront aux élèves de la deuxième année du deuxième cycle.


Le directeur adjoint appela chaque élève pour qu’ils viennent devant leur professeur.


Les professeurs aux classes complètes commencèrent à quitter la cour pour se rendre dans leur local respectif.


La classe de Jake était composée à moitié de filles et de garçons. Il demanda à ses élèves de faire une file pour qu’ils puissent entreprendre la marche vers la classe.


Arrivés à la classe, les élèves furent émerveillés. Malgré leur jeune âge, la plupart avaient un compte sur un réseau social, ils connaissaient donc les accessoires à la mode.


Deux projecteurs de ciel étoilé avaient élu domicile dans un coin noir de la pièce que Jake avait nommé « le coin détente ». C’était seulement sur privilège et seule une poignée de personnes allaient pouvoir en bénéficier, car il fallait le mériter. Sa classe était comme ça:  sur les privilèges et non les punitions. Il tolèrerait les méfaits jusqu’à un certain point, mais lorsque ces élèves remarqueront les privilèges des autres, peut-être réaliseront-ils leur mauvais comportement.


Les bureaux étaient mis en groupe de quatre et chaque élève avait la liberté de choisir sa place. Jake se donnait bien sûr le droit de changer de place les élèves qui dérangeaient les autres.


Il leur expliqua également les règles de classe. Ses élèves et lui allaient passer beaucoup de temps avec le groupe de Lauren : officieusement pour continuer la mission, officiellement pour que leurs élèves s’entendent bien.


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Assis à la table du café, pas très loin de leur appartement, Jake attendait avec impatience le retour de Lauren. Elle arriva quelques minutes plus tard.


– Je n’ai rien remarqué de suspect. Les professeurs semblent corrects dans leur façon d’agir, mais je n’ai pas vu plus que les professeurs de notre étage. Il se peut aussi que ce soit une personne extérieure, chuchota Lauren pour ne pas se faire entendre.


– Je n’ai vu que mes élèves, je ne suis pas sorti. Il y a aussi le personnel. Je ne crois pas que ce soit le directeur. Il est bizarre, mais je sens au fond de moi qu’il est innocent.


– J’espère que tu as raison, soupira Lauren en s’appuyant sur son dossier de chaise.


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De retour dans sa classe, les élèves étaient en temps de lecture. Pendant ce temps, Jake organisait la semaine à venir. Les cours qu’il allait donner et les exercices qu’effectueront ses élèves.


– Bonjour chers petits, lança une voix soudaine près de la porte, je suis de nouveau votre concierge pour cette année. Comme chaque année je vous demanderais d’être le plus propre possible. Quand vous échappez des trucs sur le sol, j’aimerais que vous les ramassiez. Les chaises devront être sur votre bureau chaque lundi pour que je puisse laver le sol. Ne venez pas m’importuner quand je mange le midi et je serai gentil avec vous, termina-t-il sur un ton plus grave que celui du départ.


Il tourna les talons pour la classe suivante. Jake avait pendant tout ce temps observé les manières de cet homme à l’allure bizarre avec un chandail blanc rendu noir par l’usage, une veste de coton avec des mailles de métal, des pantalons larges et gris et des bottes de travail brunes.


– Vous avez compris, reprit Jake.

– Oui, répondirent en cœur les élèves.

À suivre…