Depuis le début de l’année scolaire, les étudiants masculins prêtent mains fortes à la cause de leurs collègues féminins de classe. La cause est bien simple, pour ne pas dire très courte ; la longueur de la jupe des filles. Depuis des générations les étudiantes dans les Collèges privés doivent se soucier de la longueur de leur jupe. Elles se font avertir et écopent même des conséquences si celle-ci est non conforme aux règlements de l’établissement scolaire.


Pourquoi ce règlement existe-t-il, se questionnent leurs collègues masculins. Pour ne pas déconcentrer les garçons dans leur classe! Or, les garçons reconnaissent que cela n’est pas une problématique pour eux. Ils vont plus loin en déclarant leur solidarité avec les filles et dénoncent d’une voix unie que réglementer l’habillement des filles ainsi est sexiste et injuste. Pourquoi soumettre les filles à la honteuse pratique de sortir une règle pour mesurer la longueur de leur jupe? Un moment anxiogène et traumatisant pour l’avoir vécu personnellement.


Les garçons se présentent à l’école en jupe le lendemain pour dénoncer ce que les filles réclament depuis trop longtemps. La liberté de s’habiller comme elles se sentent à l’aise, sans se soucier des regards et des jugements des autres. L’habillement, même dans le cadre d’un Collège privé, devrait permettre aux jeunes d’exprimer respectueusement une facette de leur personnalité.


Ce geste se multiplie à travers la province et devient viral dans les médias sociaux. Cela fait la manchette des journaux quotidiens tels que le Journal de Montréal et La Presse. Les directions d’école soulignent la maturité et la conscience sociale de ces jeunes hommes-là. On encourage nos garçons sur le même sujet qu’on punissait nos filles! Une cause féministe gagnée par des hommes! Pourquoi on n’écoute pas nos filles quand elles nous parlent elles-mêmes des réalités qui les préoccupent? Cela dit, je suis reconnaissante à ces jeunes hommes pour leur courage, leur sensibilité et leur humanisme dans leur solidarité avec les filles. Des modèles pour tous les hommes de notre société.


Pourquoi une jeune écolière doit-elle se censurée pour taire les commentaires désobligeants des gens qui la regardent? Pourquoi ne pas éduquer pour éradiquer ce type de comportement? Pourquoi une jeune fille qui angoisse et qui stresse pour ses résultats académiques au même titre que ses homologues masculins, doit-elle aussi penser à la longueur du tissu qu’elle porte? Un ou une adolescente peut vivre beaucoup d’inquiétudes sur son apparence physique, son estime de soi, et son identité même. Son uniforme scolaire ne devrait pas le ou la rendre mal à l’aise.


Dans cet esprit de bien être, le Collège d’Anjou a opté, il y a deux ans maintenant, pour un uniforme non genré. Les étudiants et étudiantes peuvent choisir parmi les morceaux offerts dans la généreuse collection, ceux qui les mettent à l’aise. Portés convenablement les morceaux peuvent être choisis par les deux genres dans un esprit de respect et de bienveillance.


Au Collège d’Anjou, cette transition s’est faite discrètement, sans les lumières des médias. La direction de l’école a senti le désir et le besoin de sa population étudiante; son petit échantillon d’une société qui évolue constamment. De son plein gré et initiative, sans manifestations, et sans revendications, la direction s’est penchée sur un nouveau code vestimentaire qui se voulait plus inclusif. Le Collège d’Anjou est devenu ainsi un des précurseurs de cette nouvelle vague des uniformes non genrés dans les écoles privées québécoises. Et personnellement, je suis très à l’aise avec ça!


* Cette thématique ainsi que d’autres sujets touchants les genres, l’estime de soi, le corps humains, l’éducation à la sexualité seront traitées encore cette année lors des ateliers « On jase des sexes » que j’anime dans le cadre de mon activité parascolaire qui pourra reprendre dès le lancement des activités parascolaire au Collège. Si cela t’intéresse, tu es le ou la bienvenue dans mes ateliers de discussions et d’informations, et ce toujours sans jugement! Les places seront limitées.  *